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Le 16 février 2010
L’art de voir loin devant soi : l’avenir des soins de santé et des produits pharmaceutiques

Le seul avantage compétitif durable dans un contexte de changement rapide et d’innovation, c’est l’aptitude d’apprendre plus vite que la concurrence. — Arie de Geus, Royal Dutch Shell

Bien qu’un futuriste ne prédise pas l’avenir, Richard Worzel, futuriste canadien de premier plan, a tout de même mentionné que le club Maple Leafs ne gagnerait pas la Coupe Stanley. Le type m’était déjà sympathique. Le futuriste ne prédit pas l’avenir parce que l’avenir est foncièrement imprévisible. Bien évidemment, cette affirmation nous a tous pris par surprise. Un futuriste étudie plutôt l’avenir afin de nous aider à gérer les incertitudes qui l’entourent.

Les attaques terroristes du 11 septembre, le tsunami dans le sud de l’Asie, l’épidémie du SRAS, l’ouragan Katrina, l’effondrement du viaduc à Montréal et la panique financière en 2008 ont tous été prédits par des experts chevronnés. Cependant, les autorités compétentes ont ignoré ces prévisions qu’elles jugeaient alarmistes ou tirées par les cheveux.

Voilà qui illustre une des réalités fondamentales entourant l’avenir : nous rejetons les choses que nous ne pouvons imaginer. Worzel nous a demandé de nous servir de notre imagination et voici ce que nous avons vu. Et je vous assure qu’on n’avait rien mis de spécial dans notre café.

Disons que c’est le début de la nouvelle année 2035. Imaginons un réseau informatique mondial collectant de l’information sur la santé de chaque personne résidant dans les limites du réseau. Celui-ci couvre presque les deux tiers de l’humanité et il émet rapidement des alertes lorsqu’il détecte de nouvelles maladies ou épidémies potentielles.

Les composantes de base de ce système sont, d’une part, un ordinateur intégré (aussi appelé avatar), c’est-à-dire un ordinateur que portent sur eux la majorité des citoyens du monde, et, d’autre part, le décodage généralisé des génomes individuels. Dites donc, ce type est-il parent avec James Cameron? Buvons une autre petite gorgée de café…

Les signaux captés par ce réseau mondial nous permettent ensuite d’anticiper différentes évolutions des maladies dans le monde et d’envisager celles qui sont le plus plausibles pour ces maladies. Cela nous permet de développer, de produire et d’administrer juste à temps et de façon ciblée des antibiotiques. Voilà qui diffère considérablement de notre approche qui consiste actuellement à vacciner tout le monde et à nous croiser les doigts.

Grâce à ces ordinateurs intégrés, nous surveillons notre état de santé comme jamais auparavant. Nous observons une diminution spectaculaire des crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et d’autres menaces soudaines pour la santé. Les primes d’assurance santé sont maintenant graduées selon différents aspects du mode de vie correspondant à des choix personnels, tels que la condition physique et l’alimentation. De plus, la loi interdit de calculer les primes d’assurance en fonction de facteurs génétiques.

Entre-temps, les maladies non infectieuses, comme le cancer et le diabète, ont été largement enrayées ou sont, du moins, bien gérées. Les taux de survie de l’ensemble des cancers, surtout ceux de l’ovaire et du pancréas, ont augmenté de façon significative parce qu’il est devenu pratique courante d’effectuer des tests sanguins pour détecter leurs marqueurs.

Si cette nouvelle, bonne en apparence, nous permet de croire que nous pourrons vivre plus longtemps, elle laisse également présager un problème financier concret. Notre retraite durera beaucoup plus longtemps que notre période d’emploi. Cela donnera lieu à une lutte pour les droits de pension et le droit aux soins de santé subventionnés par les gouvernements ainsi qu’à de nouvelles problématiques intergénérationnelles jusqu’alors inexistantes.

Tout cela est fort bien, Monsieur Worzel, mais en quoi cela nous touche-t-il, nous, acteurs du secteur pharmaceutique?

En 2035, l’industrie pharmaceutique est encore bien vivante, mais elle a beaucoup changé. L’achat de médicaments et les traitements se négocient entre les ordinateurs du fournisseur, du payeur, du patient et des médecins. Des humains ne prennent part à ces négociations qu’en cas de désaccords importants. Les prix négociés sont en grande partie déterminés par des modèles mathématiques dérivés de transactions précédentes. Bref, les citoyens de cette époque trouvent notre façon de faire actuelle terriblement primitive.

Selon John H. Holland, professeur à la University of Michigan, d’ici le milieu du 21e siècle, une grande partie de la médecine pratiquée vers la fin du 20e siècle — le recours à la chirurgie, à la chimiothérapie et à la radiothérapie pour traiter le cancer, par exemple — nous semblera aussi inefficace que les saignées des siècles précédents.

Admettons que ce scénario soit plausible. Comment pouvons-nous passer de la réalité actuelle à celle que nous venons d’imaginer?

Au cours des 25 prochaines années, trois enjeux importants redéfiniront les soins de santé : le vieillissement de la population, la technologie et l’argent.

Nous avons tous déjà entendu parler des changements démographiques. Les coûts des soins de santé que nous recevons jusqu’à l’âge de 55 ans environ sont constants, mais ils augmentent ensuite de façon exponentielle. Si nous ajoutons à cela le fait que trois des principaux groupes démographiques sont sur le point de subir des changements démographiques importants, il est difficile de s’étonner que le gouvernement puisse frôler la faillite pour acquitter les coûts des soins de santé. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que le poids de la dette canadienne sera quatre fois plus élevé que son produit intérieur brut (PIB) à cause des emprunts associés aux coûts des soins de santé. Je présume donc que les réductions d’impôts ne sont pas pour demain.

La technologie sera un deuxième enjeu déterminant pour les soins de santé. Le téléphone intelligent actuel a une plus grande capacité informatique qu’un des ordinateurs utilisés par le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) dans les années 1980 pour la défense antimissile. Selon la Loi de Moore, la vitesse des ordinateurs double tous les 18 mois tandis que leur prix diminue de moitié pendant cette même période. En 205, les téléphones portables seront implantés dans le corps des écoliers et alimentés par la chaleur corporelle de ces derniers (ce sera la fin des adaptateurs pour la voiture). Worzel avance que la Loi de Moore est trop prudente et que la vitesse des ordinateurs doublera tous les 11 mois. Il prévoit même que cette période diminuera ensuite d’environ un mois chaque année. L’évolution de la capacité informatique modifiera la vitesse à laquelle on décodera le génome humain.

Ce décodage du génome propulsera la médecine personnalisée vers de nouveaux sommets. On fera passer aux malades des tests de dépistage génétique avant même de leur administrer des médicaments pour vérifier leur susceptibilité de bien réagir aux médicaments en question. Voilà qui ouvre de nouvelles possibilités pour les sociétés pharmaceutiques qui hésitent aujourd’hui à investir 100 millions de dollars dans la production d’un médicament à cause du faible rendement de cet investissement. À l’avenir, le développement de médicaments sera plus rentable et plus exact grâce à la possibilité de repérer les bons patients dans les essais cliniques et de préciser l’utilisation future des médicaments. La diminution du volume de patients éventuels encaissée par les fabricants sera compensée par les économies réalisées pendant le développement du médicament grâce à la sélection des bons patients pour le produit.

Le modèle du développement d’un médicament s’en trouvera donc changé. Il ciblera une plus petite portion de la population, générera des revenus moindres, mais une marge de profit plus élevée. Herceptin et Gleevec illustrent déjà très bien cette idée.

La nouvelle mesure de rendement sera le coût par dollar de profit. Les tests diagnostiques permettront de prédire le coût par dollar de profit et devraient, dès lors, devenir le critère de référence pour évaluer le rendement.

Selon ce modèle, grâce à un dépistage plus évolué, le développement d’un médicament générique à bas prix ne serait pas seulement plus efficace, mais il pourrait détruire le marché potentiel d’un médicament plus récent pour lequel on n’aurait pas déterminé le créneau approprié pour son utilisation. Qui plus est, combien de médicaments ayant échoué pourrait-on ressortir grâce à un dépistage génétique approprié? Quelles économies cela représenterait-il sur le plan de la recherche et du développement?

Les récentes vagues de fusion dans l’industrie ont été engendrées par la croyance que des entreprises plus grandes peuvent acheter les canaux de R et D des entreprises plus petites et améliorer du coup leurs propres capacités de recherche. Si les investissements en recherche ont doublé au cours des huit dernières années, le nombre de nouveaux médicaments approuvés a, dans les faits, diminué. Le prévisionniste pharmaceutique Steve Burrill a forgé l’expression « The Pharma Innovation Gap » (« le déficit d’innovation pharmaceutique ») pour désigner cette réalité. Les sociétés biotechnologiques et autres innovateurs de moindre envergure ont, de leur côté, mieux réussi à tirer leur épingle du jeu et à produire de nouveaux médicaments.

En considérant ce qui se passe dans le secteur pharmaceutique, un observateur objectif pourrait tirer les conclusions suivantes.

D’abord, les grandes sociétés pharmaceutiques devraient continuer à effectuer une certaine forme de recherche en interne tout en investissant beaucoup de temps et d’argent dans l’entretien de réseaux constitués de plus petites entreprises afin d’obtenir des licences d’exploitation de nouveaux médicaments ou d’acheter ceux-ci plutôt que d’essayer d’inventer elles-mêmes ces médicaments. Ensuite, les entreprises pharmaceutiques devraient se concentrer dans les domaines dans lesquels elles excellent, c'est-à-dire le développement, la fabrication, la distribution, le marketing et la vente. Finalement, ces sociétés devraient s’attendre à ce que les gouvernements négocient les prix fermement.

Que faire maintenant? Voilà ce que vous, acteurs du secteur pharmaceutique, vous demandez certainement.

Rationalisez vos activités autant que possible en investissant dans les secteurs les plus importants. Prenons, par exemple, la sortie d’un nouveau logiciel de réseautage social permettant d’accroître l’efficacité de vos activités de vente et de marketing. Aux États-Unis, le site www.OneOncology.com regroupe les demandes de médicaments oncologiques faites par les médecins et invite les fournisseurs à soumissionner pour répondre à ces mêmes demandes. Les ventes sont conclues sans appels d’offres ni activité de marketing. Les ventes de OneOncology sont passées de 0 à 2 milliards de dollars en neuf mois. Ce type de développement s’implante peu à peu, qu’on le veuille ou non. C’est Internet qui est en train de transformer le marketing du tout au tout, pas l’inverse.

Ensuite, et peut-être même surtout, mettez l’accent dans vos présentations sur le fait que les nouveaux médicaments réduiront les sommes d’argent dépensées par les gouvernements. Pourquoi? Parce que c’est le rapport coût-efficacité, et non l’efficacité du médicament, qui se range au premier plan de leurs préoccupations.

Soyez conscients que le changement s’effectuera d’abord lentement parce que les systèmes sociaux sont dotés d’une grande force d’inertie. L’approbation de nouveaux médicaments se fait lentement. Ceux qui paient n’acceptent que lentement de nouveaux médicaments plus efficaces, mais plus chers. Les médecins sont si débordés de travail qu’ils sont peu disposés à prendre le temps d’acquérir des connaissances dans de nouveaux domaines, comme la génétique, ce qui fait que les médicaments génétiques mettront des années, voire des décennies, à rattraper la recherche dans les laboratoires.

L’industrie pharmaceutique n’en demeure pas moins prometteuse, et ses meilleures années restent encore à venir. Nous résoudrons les difficultés en réfléchissant aux solutions plutôt qu’en fusionnant des entreprises.

Richard Worzel ne nous a peut-être pas donné toutes les réponses, mais il a certainement nourri notre imagination. Pour plus d’information, visitez son site Web au www.futuresearch.com ou celui de la World Future Society au www.wfs.org.

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Le mardi 17 novembre 2020

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